«Si le couple mère-enfant se porte bien, la famille et la communauté se porteront mieux» dixit Molobaly Diallo, présidente de l’ATC 

La caravane de «l’Association tous et Chacun» (ATC) pour la réduction de la mortalité maternelle infantile et néonatale a pris fin 07 décembre 2019 (26 novembre-7 décembre 2019) par une cérémonie de clôture au Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ de Bamako. Cette caravane, qui a sillonné les régions de Sikasso (Sikasso, Kadiolo et Niéna) et de Bougouni (Bougouni et Yanfolila), a permis de toucher (sensibiliser et informer) 4 426 personnes. Sage-femme d’Etat, Mme Molobaly Diallo est la présidente de l’ATC. Dans cet entretien, elle revient sur les enseignements tirés de cette caravane et les défis à relever, les acquis de son organisation, les perspectives… Interview !

 Vous venez de boucler une caravane de près de deux semaines (26 novembre-7 décembre 2019) dans les régions de Sikasso (Kadiolo et Niéna) et Bougouni (Yanfolila et Bougouni). Quels sont les enseignements tirés de cette caravane ?

Molobaly Diallo : Nous sommes au terme de la 4e édition de la caravane de sensibilisation de l’Association Tous et Chacun (ATC) pour la réduction de la mortalité maternelle néonatale et Infantile au Mali (MMNI). Beaucoup d’enseignements ont été tirés de cette expérience sur le terrain. Cette initiative a conforté notre conviction que la sensibilisation et l’information sont capitales pour nos communautés pour l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD).

Aujourd’hui, dans ces localités, quels sont les défis à relever pour que la lutte contre la mortalité maternelle et infantile soit plus efficace ?

Le plus grand des défis est d’accentuer la sensibilisation, la communication auprès de nos populations locales.

Qu’attendez-vous des autorités administratives et politiques locales ?

Nous prions les autorités administratives et politiques d’accompagner les agents de santé par tous les moyens pour le maintien de la santé du couple mère-enfant mais aussi de la petite fille ; future éducatrice dans notre société.

 Quelle sera la suite à donner à cette caravane d’information et de sensibilisation ?

Nous voulons accentuer cette caravane partout au Mali afin que le couple mère-enfant puisse jouir de sa santé. A cet effet, nous demandons aux autorités et à tous les partenaires œuvrant dans le domaine de nous aider par des moyens techniques et financiers pour l’atteinte des ODD d’ici 2030.

Qu’est-ce qui a motivé la création de L’Association «Tous et Chacun» (ATC) ?

L’Association Tous et Chacun (ATC) est née de la «Campagne Tous et Chacun» lancée en 2009 au niveau International avec la participation de 21 pays à travers le monde. Elle a été lancée au Mali le 6 octobre 2011 au Palais de Koulouba en présence de plusieurs premières Dames d’Afrique. Cette campagne avait les mêmes objectifs que l’ATC avec un mandat de 5 ans.

Pour pérenniser ses acquis, dan la mise en œuvre de laquelle j’ai été impliquée en tant que membre de l’Ordre des Sages Femmes du Mali avec plusieurs autres structures de toutes les sensibilités du pays, nous avons mis en place un Club de soutien. Vers la fin de la campagne, ce club a eu son récépissé (N° 144/Juin/2014) sous le nom : Association Tous et Chacun pour la réduction de la mortalité maternelle néonatale et infantile au Mali (ATC).

En tant qu’actrice auprès des femmes et des enfants, j’ai constaté que la population malienne manque réellement d’informations pour le maintien de la santé du couple mère-enfant. De petits actes simples et non coûteux contribuent à maintenir notre santé et cela n’est pas connu de la population. Pour cela l’ATC est née afin d’accompagner les communautés à maintenir leur santé. Nous intervenons aussi dans le renforcement de capacité, dans le lobbying et le plaidoyer ; dans la mobilisation de ressources et beaucoup dans la sensibilisation, l’information. Tous ceci pour la réduction de la MMNI.

Quels sont les actes posés par l’ATC depuis sa création ?

De sa création à nos jours, nous avons fait un dîner-gala de mobilisation de ressources à l’issue de laquelle une grande remise de médicaments à été faite au ministère de la Santé. Nous avons initié des journées de dons de sang en appui au ministère de la Santé pour le lancement de la Journée de la maternité à moindre risque. Nous avons aussi mis en place des clubs ATC dans certaines régions où la caravane est déjà passée et sur les deux Rives de Bamako. Nos actions ont également porté sur le renforcement de capacité de ces clubs en communication.

A notre actif également, une campagne de sensibilisation sur la prévention de la malnutrition chez les enfants dans toutes les communes de Bamako au niveau de certains CSCOM et Koulikoro. Cette initiative se poursuit avec l’appui du laboratoire Nestlé-Mali. Deux autres caravanes sur la lutte contre la maladie à virus Ebola et la lutte contre les maladies liées au non lavage des mains au savon aux moments critiques ont également eu lieu dans les districts sanitaires de Sélingué et Bamako.

C’est vous dire que l’ATC, par son dynamisme et la pertinence de ses initiatives, s’est imposée avec comme un partenaire crédible pour les autorités et ses partenaires. Nous avons l’entière confiance des plus hautes Autorités, à travers le ministère de la Santé et des Affaires sociales et ses services rattachés, et des partenaires qui nous accompagnent…

Grâce à la confiance qui s’est établie entre les partenaires et l’Association, nous sommes avec Nestlé-Burkina, qui a une succursale au Mali, sur un projet de prévention de la malnutrition. A travers cette initiative, nous avons des équipes bien outillées pour la sensibilisation qui passent régulièrement dans les CSCOM retenus avec le concours de la Direction régionale de la Santé du District de Bamako. Ces équipes donnent aussi gratuitement aux Mamans présentes aux causeries du Cérélac pour les bébés de 6 mois et plus.

Quels sont les difficultés auxquelles votre Association se heurte ?

La plus grande difficulté est le manque de matériels, à savoir les équipements bureautiques et les moyens logistiques. Nous louons toujours des bus, des Land-Cruisers et des véhicules équipés de sonorisation pour faire nos caravanes dans de très grandes difficultés. Malgré cela, nous sommes vraiment satisfaits parce que nous arrivons à pouvoir appuyer le ministère de la Santé et ses partenaires dans leurs efforts.

Quelle est aujourd’hui votre plus grande satisfaction en tant que présidente ?

Ma satisfaction est que toutes nos activités touchent les couches ciblées. Notre stratégie de mise en œuvre qu’est la caravane de sensibilisation est un très bon moyen pour atteindre les populations aux confins du pays qui manquent généralement d’informations. Rien que cette caravane, nous avons touché 4 426 personnes.

 

-Et votre plus grande déception ?

Ma déception n’est autre que l’insécurité qui nous empêche d’étendre nos activités à l’ensemble du territoire du Mali. Vous n’êtes pas sans savoir que les partenaires n’interviennent jamais dans les zones non sécurisées. C’est aussi regrettable de constater que les hommes s’impliquent moins dans la prise en charge de la santé du couple mère-enfant dans notre pays. Très rares sont les hommes qui s’impliquent dans le suivi de la grossesse de leur femme, même une seule fois pendant 9 mois ou même à l’accouchement.

Certains n’achètent même pas les ordonnances et ne suivent pas les conseils donnés par les spécialistes. Ceci m’amène à lancer un cri de cœur à l’attention de nos frères, de nos pères et de nos époux : Aidez les femmes pour une meilleure santé du couple mère-enfant !

 Avez-vous un message pour les femmes et leurs conjoints ?

Si ce couple se porte bien, la famille se portera bien de même que la communauté. Aux femmes de suivre à la lettre les instructions des agents de santé. Nous les exhortons à se rendre toujours au centre de santé le plus proche au lieu d’écouter les on dit. Alors, «Tous et Chacun» pour une réduction conséquente de la mortalité maternelle néonatale et infantile au Mali.

Propos recueillis par Moussa BOLLY 

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