DROITS POLITIQUES DES FEMMES: Oumou Sall Seck met en relief les acquis et les handicaps du Mali en Tunisie

Hammamet (Tunisie) a abrité la conférence sur les droits politiques  des femmes du  24 au 26 octobre 2017. Une rencontre qui a enregistré la participation d’une centaine de participants, dont  la majorité des femmes, venus de tous les continents. Le Mali a été fortement représenté à Hammamet avec notamment Mme Oumou Sall Seck, femme leader qui est aussi la coordinatrice du Mouvement Trait d’Union et maire de Goundam (Tombouctou au Nord du Mali).

«La violence contre les femmes en politique : Cas du Mali» ! C’est le thème de la communication présentée par Mme Oumou Sall Seck au deuxième jour de la conférence sur les droits politiques  des femmes. Organisée à Hammamet du  24 au 26 octobre 2017, cette rencontre a enregistré la participation d’une centaine de participants (en majorité des femmes) venus de nombreux pays du monde dont le Mali. En effet, notre pays a été fortement représenté grâce au Centre malien du dialogue interpartis et la démocratie (CMDID). «Ma communication était axée sur ma propre expérience vécue  comme première femme élue maire  en 2004 dans les régions du Nord du Mali, précisément dans la commune urbaine de Goundam», nous a expliqué Mme Oumou Sall Seck, également coordinatrice du Mouvement Trait d’Union, à son retour de Tunisie.

Face à une assistance suspendue à ses lèvres, cette grande Nyéléni (amazone) a rappelé, «il n’existe au Mali aucune restriction dans le cadre juridique, y compris la Constitution, visant les femmes à ne pas être élues ou nommées dans les positions de décisions».Toutefois, a poursuivi l’éloquente et l’élégante Oumou Sall Seck, «il y a des obstacles liés aux facteurs sociaux culturels traditionnels ; des résistances socioculturelles et des pratiques politiques discriminatoires qui peuvent être assimilés à la violence politique à l’égard des femmes». «Quant au rôle de la Femme dans le processus de paix au Mali, notre représentation dans les instances de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali demeure insignifiante. Aucune femme malienne n’est par exemple représentée dans le Comité de Suivi de mise en œuvre de l’Accord (CSA)», a déploré Mme Seck. Pourtant,  a-t-elle plaidé, «il est essentiel d’associer les femmes dans le processus de paix quand on sait qu’elles ont payé le lourd tribut».

Et quant à la représentativité des femmes dans les organes dirigeants des partis politique, «leur nombre reste réduit dans l’espace politique bien que seulement deux partis soient à l’heure actuelle dirigés par des femmes sur plus ou moins deux cents  formations politiques légalement enregistrés», a indiqué la brillante conférencière, une icône de la lutte d’émancipation sociopolitique au Mali et une Colombe engagée pour la paix et le vivre-ensemble. Dans sa communication, Mme Seck Oumou Sall a également déploré des pratiques malsaines au sein des chapelles politiques qui tendent à «réduire l’importance des femmes en ne leur offrant souvent pas des postes clés ou en déclarant subtilement seulement que pour ce poste c’est mieux d’avoir un homme».

Pis, au sein des partis politiques, l’organisation interne impose l’existence d’un «Bureau des femmes du parti» dont le rôle est généralement réduit à la «mobilisation des masses» lors des élections. «Nul doute qu’une telle pratique  marque ainsi une frontière entre les hommes et les femmes d’une même entité politique. Cela ne favorise pas leur épanouissement. Il en est de même du rôle largement légué au second plan qu’on leur attribue, surtout dans la recherche de postes électifs», a souligné Oumou Sall dans sa communication.

Dans la conclusion de sa communication, le maire de Goundam et coordinatrice de Trait d’Union a fait deux propositions jugées très pertinentes par les participants à la conférence de Hammamet et des observateurs de la classe politique au Mali.

«Ma première proposition est axée sur une approche multidisciplinaire sur les questions d’égalité qui  semble plus juste et flexible via la mise en place de plan interministériel de lutte contre la violence faite aux femmes. Y compris les actes d’harcèlement et de violence politique», a défendu la conférencière.

«Ensuite, seconde et dernière proposition, il est indispensable de mettre en place un Observatoire national pour l’égalité sous les auspices de la présidence de la République ou de la Primature avec un budget approprié est à préconiser», a conclu Mme Seck Oumou Sall.

Des propositions réalistes et pertinentes dont la traduction en actes ne doit pas être de la mer à boire pour des dirigeants réellement soucieux de l’équité genre et de du plein épanouissement des Maliennes dont le rôle est essentiel et incontournable dans la réconciliation, la paix et le développement socioéconomique !

Aïssata Bâ

Photo/Oumou Sall Seck

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