RETOUR DE ROKIA TRAORE A BAMAKO

 En plus de l’artiste, la justice et la diplomatie maliennes en ligne de mire de la presse belge et française

 Libérée sous «contrôle judiciaire» Rokia Traoré est de retour à Bamako tout en se tenant à la disposition de la justice européenne, française et belge. Une présence qui n’est pas du goût de la partie adverse qui a visiblement déployé les grands moyens pour l’accabler davantage dans les médias d’un délit de «fuite». Sans compter les tentatives de discrédite la justice et la diplomatie de notre pays.

Dans cette affaire, tous ceux qui soutiennent Rokia Traoré, au Mali et à travers le monde, ont un objectif : que justice soit rendue à une mère dont le seul crime semble être de se battre contre un homme et le système judiciaire d’un pays pour la garde de son enfant.

Mais, nous devons aussi nous garder de certaines déclarations publiques qui peuvent non seulement nuire à Rokia, mais aussi à notre pays.

«J’ai évoqué, ce matin, le retour au Mali de Rokia Traoré avec les Ambassadeurs de Belgique et de France. J’ai lancé un appel au calme et invité les avocats des deux parents à se rapprocher en vue de trouver un compromis équilibré et juste dans l’intérêt de la petite Uma», a Twitté hier (lundi 18 mai 2020) notre ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.

L’intention est bonne et noble, mais elle aurait du rester dans la stricte discrétion diplomatique. Tout comme Rokia, nos autorités doivent être très discrètes dans leurs initiatives et prudentes dans leurs déclarations. Et cela pour deux raisons. Primo, il ne faut pas donner l’opportunité à la presse occidentale de continuer à ternir l’image de notre pays. Secundo, c’est un dossier judiciaire en cours, loin d’être bouclé. Et il faut se garder de certaines déclarations qui peuvent contrarier la défense de l’artiste parce que la partie adverse ne manquera pas de les interpréter en sa manière et en sa faveur.

Déjà, certains médias reprochent à notre ministre des Affaires étrangères de vouloir «interférer» dans une décision de justice au mépris du principe de la séparation des pouvoirs entre exécutif et judiciaire. Autrement, il est passé outre l’indépendance de la justice.

Contrairement aux accusations de la presse belge (LE SOIR.be), le Mali n’a rien à se reprocher dans le retour de la jeune mère qui rejoint ses deux enfants à Bamako. Si la France n’a pas refusé l’autorisation de vol à l’avion qui la transportait, pourquoi le Mali refuserait d’accueillir l’une de ses filles, l’une de ses grandes ambassadrices ? Sans compter que Rokia Traoré s’est pourvue devant la Cour de Cassation française pour s’opposer à son extradition en Belgique.

Comme on pouvait s’y attendre, la presse occidentale fait déjà de cette «bourde» ses choux gras comme RFI qui tire sur son site : «La fuite de la chanteuse Rokia Traoré au Mali prend une tournure diplomatique».

Cette affaire a naturellement une tournure diplomatique à partir du moment où la France a violé l’immunité diplomatique de l’artiste en l’arrêtant malgré son passeport diplomatique malien. Mais, ce volet ne doit pas empiéter sur le dossier judiciaire pour lequel notre pays se doit d’offrir la meilleure assistance judiciaire possible à Rokia si elle en a besoin.

«S’il est clair que Bamako cherche aujourd’hui ouvertement une porte de sortie dans ce dossier, rien ne dit pour l’instant que les justices belge et française sont prêtes au compromis», ont écrit nos confrère. Pour chercher une porte de sortie, il faut se reprocher quelque chose. Ni Rokia ni le Mali ne se reprochent quoi que ce soit dans cette cabale judiciaire (pour des raisons inavouables) contre une star en pleine ascension.

«Rokia Traoré aurait pris la fuite vers le Mali en bénéficiant d’un vol privé derrière l’organisation duquel plane l’ombre d’une assistance malienne. Traoré, dans cette affaire a toujours bénéficié du regard favorable du gouvernement et de la justice malienne. Elle est très populaire dans son pays», a-t-on aussi lu dans la presse occidentale.

Depuis le retour de Rokia a Bamako, on lit beaucoup de bêtises dans la presse française et belge qui ne se ménagent pas de jeter l’opprobre sur la justice et la diplomatie malienne. Elles véhiculent des préjugés pour discréditer davantage notre pays et salir Rokia réduite dans leurs colonnes ou dans leurs propos à une simple «fugitive».

La justice malienne a beau souffrir de tous les maux affectant sa bonne marche, de toutes les tares (généralement héritées de la colonisation), elle n’a pas à rougir de honte devant une justice qui rende ses décisions au faciès. Une justice qui prive une mère de la garde de son enfant juste parce qu’elle est femme et «Noire», une justice discriminante et stigmatisante…

Comme dirait l’autre, complexe Zéro !

Alphaly

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